« Parfois il en était arrivé à douter de la réalité de ce quartier-là. Dans son souvenir il ressemblait à une ville pauvre et plongée dans un sirop doux-amer. Humiliés et vaincus, dans leur obligation quotidienne de demander pardon pour être nés. La première fois que Carvalho abandonna ces rues, pendant un certain temps il pensa s’être libéré pour toujours de sa condition d’animal noyé dans la tristesse historique. Mais il la portait sur lui comme l’escargot porte sa coquille, et lorsque bien plus tard, il prit le parti de tout accepter, ce qui l’avait fait, ce qu’il était et qui il était, alors il revint dans le théâtre de son enfance et de son adolescence ».

« La solitude du manager » – Manuel Vazquez Montalban

Photo D. Exposito –  Reus (Espagne)- 2016